
Un bref aperçu du labour
La préparation du sol est une étape obligatoire avant la riziculture. L'un des outils agricoles traditionnels les plus efficaces était la charrue, une image emblématique du Viet Nam rural. Au-delà de son rôle fonctionnel, la vue d'un buffle menant une charrue est devenue un symbole culturel de la campagne. Le proverbe vietnamien « Cày sâu cuốc bẫu » transmet non seulement la sagesse agricole, mais reflète également le travail acharné et la persévérance des agriculteurs.
Les charrues sont essentielles à la préparation du sol, car elles permettent de le déblayer, de le retourner et de l'aérer. Les charrues traditionnelles étaient fabriquées en bois avec des lames en fer. Dans le delta du Mékong, y compris à Can Tho, il existait plusieurs types courants : « cày đọi, cày bắp, cày mên ». Chacune d'elles comportait des éléments clés tels que le corps, le manche, le manche et le soc.
« Cày đọi » : Ce type de charrue avait un corps en bois d'environ 1,4 mètre de long, combinant la charrue vietnamienne chìa vôi avec les techniques de labour cham. Elle nécessitait deux buffles pour les champs boueux et était équilibrée par une poutre en bois appelée « đọi ».
« Cày bắp » : Dérivée des charrues khmères, elle était dotée d'un long manche et d'un grand soc. À l'origine dépourvue de poutre stabilisatrice, elle a ensuite été modifiée par les agriculteurs vietnamiens pour améliorer sa stabilité.
« Cày mên » : Fabriquée en bois de chò, cette charrue utilisait des assemblages à tenons et mortaises. Les agriculteurs khmers fixaient des tessons de poterie à la lame, remplacés plus tard par des tôles de fer soudées à la lame par les agriculteurs vietnamiens.
Premiers essais de tracteurs à Cần Thơ
Après la colonisation du sud du Vietnam, les Français souhaitaient transformer la région en une région de premier plan pour la production et l'exportation de riz. Reconnaissant la fertilité de ses terres, son climat favorable et le développement de ses voies navigables, ils ont mis en place des politiques favorisant l'expansion et la mécanisation de l'agriculture.
Tracteurs dans les champs de Can Tho au début des années 1980.
Au début du XXe siècle, les politiques françaises de transfert de terres ont donné naissance à une classe de grands propriétaires terriens, composée de Français, de Franco-Vietnamiens, de Vietnamiens et de Khmers. Plusieurs entreprises agricoles ont vu le jour à Can Tho, telles que Sambuc (8 000 ha), Guérez (6 000 ha) et Michel-Villaz, Mayer et Cie (1 200 ha).
Selon l'ouvrage de l'historien Son Nam « Lịch sử khẩn hoang miền Nam » (« Histoire de la mise en valeur des terres dans le sud du Vietnam »), Can Tho se classait parmi les provinces les plus riches en terres cultivées. En 1900, elle comptait 124 588 hectares, juste derrière Soc Trang. En 1930, sa superficie atteignait 205 000 hectares, se classant ainsi au quatrième rang du Sud-Vietnam.
En 1910, l'Association Rizicole Indochinoise fut créée pour mener des recherches sur la riziculture mécanisée. Différents tracteurs furent importés de France et des États-Unis pour des essais dans le delta du Mékong, Can Tho et Chau Doc étant les principaux sites d'essai. L'ingénieur Alazard fit venir des tracteurs, des herses et des semoirs à Thoi Lai (Can Tho) pour des essais, mais les résultats furent insatisfaisants. Un autre ingénieur, Duquet, testa le labour mécanisé à Can Tho pendant la saison sèche de 1911.
Les détails des essais de 1910, documentés par le chercheur Nguyen Nghi, mentionnent deux machines : la javeleuse-botteleuse (une moissonneuse-lieuse de 630 kg) et une moissonneuse simple de 430 kg, toutes deux fabriquées par Reliance. La moissonneuse-lieuse nécessitait la traction de trois mules, tandis que le modèle plus simple en utilisait deux. Les buffles, non entraînés à ces tâches, n’étaient pas adaptés à ces machines.
Le gouvernement colonial français comprit la nécessité d’un développement agricole systématique et scientifique. En 1927, il créa sept stations de recherche agraire dans le sud du Vietnam, dont une à Can Tho.
Pendant des siècles, l’agriculture traditionnelle du delta du Mékong reposait sur le travail des animaux. Les buffles et les bœufs jouèrent un rôle crucial dans le défrichage et l’agriculture jusqu’au milieu du XXe siècle, date à laquelle la mécanisation prit progressivement le dessus. Dans les années 1960, les tracteurs ont gagné en importance, et après 1975, le labourage mécanisé s'est encore développé, avec l'importation de davantage de tracteurs pour améliorer la productivité.
Aujourd'hui, les agriculteurs de Can Tho utilisent des tracteurs modernes et multifonctionnels pour cultiver leurs champs. Que ce soit à l'époque des charrues tirées par des buffles ou des machines de haute technologie, les agriculteurs de Can Tho restent assidus et innovants, incarnant l'esprit de cette terre connue pour son « riz blanc et son eau claire ».
Source : Journal Can Tho - Traduit par Kim Xuyen